Plusieurs projets européens s’attaquent aux déchets de cuisine
La Semaine européenne de la réduction des déchets (Serd) se tiendra du 19 au 27 novembre. Florilège de bonnes pratiques mises en place aux 4 coins de l’Europe…
Certaines initiatives émergent en Europe, dans le cadre de la Serd, des programmes Miniwaste (prévention des biodéchets), Greencook (lutte contre le gaspillage alimentaire) ou Pre-waste (politiques publiques de réduction des déchets).
Pre-waste s’inscrit dans le cadre du programme européen Interreg IVC (1). «Lancé en 2010, il avait pour objectif de favoriser l’échange de bonnes pratiques en Europe et de définir un cadre d’indicateurs communs afin de permettre aux acteurs des déchets de comparer leurs résultats», rappelle Jean-Benoît Bel, en charge du dossier à l’Observatoire régional des déchets d’Ile-de-France (Ordif), l’un des 4 partenaires européens du projet (2).
Une liste de 56 bonnes pratiques sera publiée avant la fin de l’année. Jean-Benoît Bel en a dévoilé quelques-unes lors d’une matinée technique organisée par l’Ordif, aujourd’hui 9 novembre, à Paris. Ainsi la Belgique a fait du «Stop pub» une obligation légale. Un habitant peut donc porter plainte si sa boîte aux lettres déborde de publicités. La Suède a favorisé le compostage domestique par une incitation financière: qui composte paie ainsi moins d’impôt. L’Allemagne a proscrit l’usage des couverts jetables lors de grands événements. Chaque Land met à disposition des organisateurs des couverts réutilisables…
De son côté, Miniwaste s’attaque aux biodéchets. Il a donné naissance au projet «Dose certa» (dose exacte) dans plusieurs restaurants de Porto, au Portugal (3). Après plusieurs tests de réduction des déchets par analyse des restes et recomposition des menus, l’initiative a permis de réduire les déchets d’un client de 50 à 100 kilogrammes par an.
Avec Greencook, l’objectif est de réduire le gaspillage alimentaire aussi bien dans les foyers que dans les restaurants, les cantines et les supermarchés. Par exemple, dans le nord de la France, des affichages en rayon donnent des astuces pour conserver les aliments le plus longtemps possible. Dans le nord de Londres, l’opération «Love food, hate waste» (4) a permis d’éviter plus de 5.000 tonnes de déchets en un an. «Nous avons mesuré que les déchets alimentaires représentaient un tiers des ordures ménagères et qu’ils allaient augmenter de 4,5% d’ici 2020. C’est pourquoi nous avons ciblé nos actions autour de la lutte contre le gaspillage alimentaire», affirme Dimitra Rappou, chargée de prévention à l’Agence des déchets de North London. Des campagnes de sensibilisation ont été lancées avec ateliers de cuisine, livre de recettes pour cuisiner les restes, et ustensiles pour bien doser les aliments. La lutte contre le gaspillage alimentaire sera d’ailleurs la thématique principale des actions londoniennes lors de l’édition 2011 de la Serd.
Malgré toutes ces initiatives, la production européenne de déchets ménagers continue de progresser. Sa hausse est même plus rapide que la croissance démographique. Actuellement, un Européen produit en moyenne 600 kg/hab/an.
La réglementation européenne est-elle suffisamment contraignante? La directive-cadre de 2008 sur les déchets préconise le lancement, au plus tard le 12 décembre 2013, d’un plan national de prévention comportant des indicateurs et des objectifs chiffrés de réduction ainsi qu’une évaluation des résultats tous les 6 ans. Sa traduction française a donné naissance à un objectif de réduction de 7% des ordures ménagères et assimilées (OMA) entre 2009 et 2014 (Grenelle I). Pour l’instant, on assiste juste à une stabilisation de la production dans l’Hexagone, en raison de la crise.
(1) http://www.prewaste.eu/
(2) avec l’association ACR+, l’Institut bruxellois pour la gestion de l’environnement (IBGE) et la région des Marches en Italie
(3) http://www.eunaofacolixo.com/
(4) http://www.lovefoodhatewaste.com/